Portrait de Florian Verhaegen

06 Sep

Enseignements

Florian Verhaegen, tu viens de rejoindre l’équipe enseignante de l’ENM de Villeurbanne en tant que professeur de violon baroque, et nous en sommes très heureux. Peux-tu nous dire comment tu es venue à cet instrument et ce qui t’a attiré chez lui ? Quelles sont les particularités du violon baroque par rapport au violon dit classique ?

J’ai découvert cette pratique lors d’un week-end end autour de la Belle danse (la danse baroque), alors c’est tout l’univers de la musique ancienne qui m’est apparu. Cette pratique m’était inconnu et j’ai trouvé cela fascinant d’apprendre qu’on pouvait faire de la musique avec des moyens différents: les instruments, les techniques de jeu, les partitions d’époques, les textes anciens. Mis à part ces éléments, la pratique de l’orchestre baroque dont le violon est l’instrument phare m’ont réellement séduit. Il semble que ce style correspondait avec mon naturel !
Le violon baroque est la forme de violon qui préexiste à celle d’aujourd’hui. Les différences de visu sont des questions de lutherie, mais il ne s’agit pas de progrès technique. Le violon baroque est techniquement adapté pour rendre les effets de style de l’époque baroque. De la même manière que le violon moderne continue d’évoluer pour répondre aux attentes de la musique contemporaine.
Dans ses particularités, la tenue du violon et de l’archet baroque est autre qu’en classique et la mise en mouvement du corps aussi. Mais ne nous trompons pas, cela reste du violon, alors comme si nous étions dans un pays voisin: on roule à gauche, il y a un accent et on mange à des horaires différents !

Que dirais-tu à quelqu’un pour qu’il ait envie de se lancer dans son apprentissage ?

Je lui dirais qu’il faut se jeter à l’eau! En récompense, la pratique baroque ouvre un univers immense, notamment de l’Histoire, du Goût et de l’expression des sentiments. Le violon baroque nous permet de remonter aux origines de la musique classique, à la naissance du violon et en bout de ligne de reconstituer le lien avec le classique et le romantique.
Au niveau concret, quel plaisir de jouer avec la vibration d’une corde en boyau ! On a de la matière sous les doigts et l’archet et ça vibre au vrai sens du terme. Effectivement, une corde en boyau de mouton fabriquée ” à l’ancienne ” est très chargée en harmoniques.

Quelle serait la discographie idéale pour connaître les qualités de cet instrument et le répertoire de la musique baroque ? Y-a-t-il des pièces ou des compositrices-compositeurs qui te plaisent particulièrement ?

C’est amusant, les compositeurs qui me passionnent et que j’écoute sans me lasser n’ont pas forcément écrit pour le violon. Mais à mon sens ce qui est important, c’est la manière d’organiser les sons et comment ces compositions vont nous toucher. Ecoutez donc Josquin des Prez pour ses motets, Jacques Duphly et Jean-Philippe Rameau pour leurs œuvres pour clavecin. Enfin Arcangelo Corelli et François Francœur pour le violon.

Voici une petite discographie illustrative du violon baroque et plus :

Ce qui n’empêche pas d’écouter aussi les grands compositeurs du baroque pour le violon: Bach, Vivaldi, Haendel, Leclair, Tartini, Geminiani, Biber, etc.

Pour te connaître davantage, peux-tu nous expliquer ton parcours ? Où as-tu étudié ? as-tu eu des mentors ? des professeurs qui t’ont marqué particulièrement ?

J’ai réalisé mon apprentissage général de musicien à Grenoble. C’est avec Philippe Wucher que j’ai découvert plusieurs facettes du violon et le plaisir d’enseigner. Ensuite, sur la voie d’une spécialisation en musique ancienne, j’ai fait un passage ici même, puis je me suis formé auprès d’Odile Edouard dans le département de musique ancienne du CNSMD de Lyon et dans la foulée (de 7 ans !) j’ai suivi la formation diplômante au Certificat d’Aptitude. Mais durant toutes ces années, j’ai aussi développé quelques accointances avec d’autres esthétiques. J’ai une petite passion pour le violon d’auvergne et j’ai eu l’occasion de suivre des projets en musiques actuelles. Enfin dans mes études au CNSMD, j’ai fait une recherche sur le consort de violon à la Renaissance et j’ai développé ma pratique des instruments médiévaux à archets, en particulier la vièle.

Tu fais donc partie de l’équipe de l’ENM pour la rentrée 2018-2019, qu’est-ce qui t’attire dans cette école ? As-tu déjà enseigné auparavant ?

Cela fait un peu plus de 15 ans que j’enseigne le violon, ce qui m’a donné l’occasion d’explorer des petites écoles familiales aux grands conservatoires. L’ENM de Villeurbanne est pour moi une école assez unique qui offre le potentiel formidable de créer un travail d’équipe, de proposer des cursus innovants et surtout une palette de pratiques qui donne envie de s’inscrire à tous les cours. 

Mise à part ton activité pédagogique, quelles sont tes actualités sur la scène musicale ou ailleurs?

A Lyon, je participe aux projets du Concert de l’Hostel Dieu. Nous venons de faire la création de Folia un ballet Hip-hop avec le chorégraphe Mourad Merzouki aux Nuits de Fourvière. Ce magnifique projet est visible sur Arte et sera redonné en 2019. Tout dernièrement, j’ai rejoint l’équipe de La Note Brève sur un programme de chants d’aube à la vièle médiévale, Au point du jour à suivre également. Entre autre, j’ai aussi la chance de faire partie d’une grande aventure qui se poursuit prochainement en Chine, la recréation du Ballet Royal de la Nuit avec l’ensemble Correspondances. Il s’agit du premier ballet dans lequel le roi Louis XIV a dansé devant la cour.


Vidéo de “Folia” aux Nuits de Fourvière 2018 (Mourad Merzouki et l’Hostel Dieu) :

Vidéo ” Le Ballet Royal de la Nuit” avec l’ensemble Correspondances :